1er réseau féminin de Business Angels en France et en Europe

Anna Stepanoff, CEO de Wild Code School

Comment vous est venue l'idée d'entreprendre ?

Au début de ma carrière professionnelle, j'étais salariée et je ne me sentais pas vraiment bien dans ce statut. Je me suis alors fixé pour objectif de trouver ma voie avant 30 ans. Après pas mal de réflexion, finalement, c’est l'entrepreneuriat qui s’est imposé comme la voie idéale. J'avais toujours beaucoup de nouvelles idées que je ne pouvais pas réaliser dans un cadre salarial. L’entrepreneuriat m’a apporté la liberté pour les expérimenter à volonté. Je n’ai jamais regretté ce choix.

Quelle est la vision de votre projet ?

Mon projet est de créer un nouveau modèle éducatif, une nouvelle approche pédagogique. L’innovation y est au cœur. L’entreprise que j’ai créée s’appelle Innov’Educ : innover dans l’éducation. La création de la Wild Code School, école qui forme aux métiers tech, m’a permis de concrétiser mon projet.
Mon rêve est de rendre la formation non seulement accessible au plus grand nombre, mais aussi la plus efficace possible. J’imagine une société où chacun et chacune apprendront un petit peu tous les jours et, tous les 3-5 ans, feront un véritable break, une année sabbatique d’apprentissage. Dans cette société où tout le monde sera en apprentissage permanent, on apprendra non seulement pour se perfectionner professionnellement, mais aussi par curiosité et par plaisir. Enfin, les ressources et les moyens pédagogiques y seront variés pour correspondre aux besoins et aux manières d’apprendre spécifiques des uns et des autres.

Pourquoi avoir fait appel à des Business Angels et comment s’est déroulé votre processus de levée de fonds ?

Mon processus de levée de fonds auprès des Business Angels a finalement été assez rapide. J’ai fait appel à des Business Angels pour soutenir le déploiement de la Wild Code School en France, c’est-à-dire l’ouverture de plusieurs campus. Cet investissement d’amorçage est venu en complément d’une importante subvention d’Etat. Ce soutien n’a pas été seulement financier, mais aussi moral. Chaque contribution individuelle des Business Angels a été aussi une sorte de caution vis-à-vis des client·e·s et des partenaires, ce qui a augmenté notre légitimité. Il a surtout été porté par les Femmes Business Angels. Je me souviens en particulier de l’enthousiasme que m’ont témoigné plusieurs membres du réseau suite à ma présentation en séance plénière. Une vingtaine de membres sont entrées dans notre capital.

De quel accompagnement vous font bénéficier les Business Angels ?

L’accompagnement des Business Angels est double. D’abord, il passe par le suivi de l’évolution de la société à travers notre comité stratégique mensuel et les assemblées générales annuelles. Les questions qui y sont posées et les conseils donnés sont précieux. Ils nous aiguillent dans notre cheminement et permettent de prendre du recul ou de bénéficier de l’expérience des Business Angels. Le deuxième axe de soutien consiste dans la mise en relation avec des clients entreprises potentiels, des partenaires bancaires ou même des futur·e·s élèves.

Quelles sont vos prochaines étapes ?

Nous disposons aujourd’hui d’une vingtaine de campus en Europe et formons plus de 1000 personnes par an aux métiers tech tels que développeur·se, data analyste, ou encore analyste cybersécurité. Notre axe de développement majeur est de continuer la diversification de notre offre de formation. Par ailleurs, suite à la crise du Covid en 2020, nous avons lancé une offre de formation en distanciel qui est devenue aujourd’hui un autre axe de développement à fort potentiel.

Quel est l’impact du Covid sur votre activité ?

Le Covid nous a bousculé·e·s, nous a poussé·e·s à optimiser notre fonctionnement et à changer de stratégie. Nous étions dans une logique d’expansion géographique, mais la fermeture des frontières et la quasi-disparition de la mobilité internationale nous ont obligés à mettre cette logique en stand-by. Le confinement a en même temps boosté le télétravail et donc la formation à distance. Dès avril 2020, nous avons lancé nos premières sessions 100% remote. Aujourd’hui cette formule rencontre un grand succès, car nous recevons plusieurs centaines de candidatures pour chaque nouvelle rentrée en distanciel.

Entreprendre, en 3 mots…

Je citerais ici les trois valeurs au cœur du projet de la Wild Code School.

  • Passion. Il faut clairement être passionné·e pour entreprendre. Tout·e entrepreneur·se vit parfois des moments très difficiles où il n’y a que la passion qui peut faire tenir.
  • Innovation. L’entrepreneuriat est une action fondamentalement créative. On entreprend pour réaliser une nouvelle idée ou améliorer quelque chose. Et ce processus d’innovation ne s’arrête jamais.
  • Humanité. Entreprendre c’est aussi travailler avec les autres, savoir rassembler et inspirer : les client·e·s pour qui on crée de la valeur, les équipes avec qui on produit la valeur et les partenaires qui nous accompagnent. 

Quelle est l’importance de la diversité pour vous ? Avez-vous mis en place des solutions pour la favoriser ?

La diversité est très importante pour moi. Je suis convaincue que la diversité est nécessaire à toute innovation. Les meilleures idées sont nées dans un dialogue, parfois même dans une certaine confrontation créatrice des idées, des points de vue et des expériences différentes. Pour qu’une équipe soit réussie il faut qu’il y ait de la diversité.
La diversité à laquelle je m’attache particulièrement c’est la diversité de genre, notamment l’équilibre entre les hommes et les femmes. Nous ne sommes pas encore à l’équilibre parfait, mais pas loin.
Le deuxième axe de la diversité c’est la diversité culturelle. Le projet de la Wild Code School est international et nous nous efforçons de recruter de plus en plus de nationalités différentes.
La diversité peut aussi, bien sûr, être parfois source de conflits et D’incompréhension, il est donc important de sensibiliser régulièrement les équipes aux différences culturelles et au nécessaire respect de l’autre.